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Racisme dans le football espagnol : deux matchs entachés d’incidents au cours de la même journée

Deux incidents relatifs au racisme sont venus entacher, une nouvelle fois, le football espagnol, samedi 30 mars. Ironiquement, ces événements ont eu lieu quelques jours après un match amical « pour la tolérance » entre l’Espagne et le Brésil, organisé mardi à Madrid en réponse aux injures racistes que subit l’attaquant brésilien du Real Madrid Vinicius Junior depuis son arrivée en 2018.
Samedi, lors d’une rencontre de troisième division, le gardien de but sénégalais du club de Rayo Majadahonda, Cheikh Kane Sarr, a été expulsé à la 84e minute du match contre Sestao River à la suite d’une altercation avec un supporteur placé derrière son but, ce qui a poussé son équipe à quitter le terrain, et les arbitres, à arrêter le match. Selon la presse espagnole, plusieurs supporteurs de Sestao River, près de Bilbao, ont insulté Cheikh Sarr, 23 ans, après le deuxième but de leur équipe, en fin de rencontre.
« Notre équipe ne reprendra pas le match après que notre joueur a été la cible d’insultes racistes inacceptables », a écrit le Rayo Majadahonda sur la plate-forme X.
« C’est une honte absolue, ce qui s’est passé aujourd’hui (…), une partie du stade proférant des insultes racistes à l’encontre de notre coéquipier Cheikh Sarr, en raison de la couleur de sa peau », a regretté le capitaine du Rayo, Jorge Casado, sur Instagram. « Quelle honte, il semble fou que nous soyons en 2024 et que nous ayons des idiots sans cervelle dans les stades, qui se déchaînent (…). Nous sommes tous Cheikh, non au racisme », a-t-il ajouté.
La fédération espagnole de football (RFEF) a déclaré qu’une de ses instances déciderait des suites à donner à l’incident. « Le match a été suspendu après un incident entre des supporteurs (…) et Cheikh Sarr (…), qui a déclaré avoir fait l’objet d’insultes racistes sans qu’aucun des membres de l’arbitrage, compte tenu de leur position sur le terrain, puisse les entendre », a-t-elle déclaré dans un communiqué.
L’arbitre Francisco Garcia Riesgo « a suspendu le match lorsque les joueurs de l’équipe visiteuse ont décidé de quitter le terrain en raison des événements susmentionnés, sans que l’arbitre puisse mettre en pratique le protocole antiraciste puisque l’équipe madrilène a refusé de continuer à jouer », a-t-elle justifié.
Un peu plus tôt dans la journée, le Séville FC, qui évolue en Liga − la première division espagnole − avait déjà condamné « les insultes racistes et xénophobes » subies pendant son match à Getafe par l’Argentin Marcos Acuna et par l’entraîneur, Quique Sanchez Flores.
L’arbitre de la rencontre, laquelle est allée à son terme, Javier Iglesias Villanueva, a écrit que des supporteurs de Getafe avaient crié « Acuna singe » et « Acuna, tu viens des singes » en direction de l’international argentin, ce qui l’a conduit à interrompre brièvement le match.
Quique Sanchez Flores, a, de son côté, déclaré qu’il avait été traité de « gitan » par certains supporteurs, ajoutant qu’il était fier de ses origines. « C’est une chose d’être gitan ou partiellement gitan, et une autre de l’utiliser comme une insulte raciste − je trouve cela odieux », a-t-il commenté.
Ces deux incidents ont fait réagir le Brésilien Vinicius Junior, qui est fréquemment victime de racisme sur les pelouses espagnoles. « Nous avons eu trois cas ignobles de racisme en Espagne rien que ce samedi », a regretté le joueur du Real Madrid sur le réseau social X.
« A Sarr et au Rayo Majadahonda, que votre courage en inspire d’autres, les racistes doivent être dénoncés, et les matchs ne peuvent pas continuer avec eux dans les tribunes », a ajouté la star de la Seleçao. « Nous n’aurons la victoire que lorsque les racistes quitteront les stades pour aller directement en prison, une place qu’ils méritent », a conclu Vinicius Junior.
Un épisode de racisme à Valence en 2023 contre l’attaquant madrilène avait provoqué une vague d’indignation internationale et avait poussé les instances à reconnaître que le pays avait « un problème » avec les discriminations raciales.

Le Monde avec AFP
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