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Guerre en Ukraine : Oleksandr Syrsky, ascète et controversé, nommé commandant en chef des forces armées

Nommé par le président Volodymyr Zelensky, jeudi 8 février, au poste de commandant en chef des forces armées ukrainiennes, le général Oleksandr Syrsky est avant tout un soldat, qui s’est tenu loin de la politique et n’a guère utilisé ses faits d’armes pour se faire connaître du public. Sa carrière militaire jusqu’au sommet ne l’a pas empêché, à 58 ans, malgré ses responsabilités nationales au sein de l’état-major, de rester proche des lignes de front et du combat. M. Zelensky a salué « le général le plus expérimenté d’Ukraine ».
Né en Russie, ayant commencé ses études militaires à Moscou, Oleksandr Syrsky a choisi l’Ukraine, où il était basé à l’époque, dès la fin de l’URSS et l’indépendance du pays en 1991. Promu général en 2009, il a participé dès 2013, soit avant la révolution pro-européenne de Maïdan, à la coopération avec l’OTAN et aux réformes de l’armée ukrainienne. Quand la Russie a annexé la Crimée et déclenché le conflit dans le Donbass, en 2014, il a été en première ligne contre les séparatistes prorusses en tant que chef des « opérations antiterroristes ». Puis le général a commandé les forces armées sur tout le front oriental jusqu’à sa nomination, en 2019, à la tête de l’armée de terre.
Depuis l’invasion russe du pays le 24 février 2022, le général Syrsky a joué un rôle essentiel dans la défense de Kiev, empêchant l’armée russe de conquérir la capitale ukrainienne. Puis, au fil de la guerre, il n’a pas hésité à déplacer son quartier général avancé, d’abord à Kharkiv (nord), où il a commandé la contre-offensive audacieuse ayant permis de reconquérir la région jusqu’à Izioum, puis près de Dnipro (est), où il a eu le rôle ingrat de tenter de contenir les assauts russes dans le Donbass. Il est considéré comme un ascète, un travailleur acharné et un planificateur hors pair.
La défense de Kiev reste son fait d’armes incontestable. Oleksandr Syrsky confiait au Monde, il y a un an, que c’était son chef, le général Valeri Zaloujny lui-même, auquel il vient de succéder, qui l’avait tiré du lit, le 24 février 2022, pour lui annoncer que l’Ukraine faisait face à une invasion de l’armée de Moscou.
Les deux généraux font alors un double choix : d’abord, tenir certaines lignes coûte que coûte, comme à Irpine, et affronter l’ennemi frontalement, afin d’éviter qu’il ne pénètre dans Kiev et ne transforme le conflit, du côté ukrainien, en guérilla urbaine ; ensuite, laisser l’ennemi s’avancer le long des routes du nord, quitte à perdre des territoires, afin d’étirer tellement ses lignes que les colonnes blindées puissent être prises en embuscade, et manquent de soutien logistique.
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